La semaine dernière, nous avons écrit à propos des croyances du Sauveur. Cette semaine, nous explorons les obsessions du Persécuteur. La semaine prochaine nous étudierons les facteurs de résignation du rôle de Victime, troisième et dernier rôle du triangle des tensions.
Chacun de ces rôles prend racine dans la prime enfance. Alors que les enfants en bas âge cherchent des adultes solides comme modèles, les enfants plus grands développent des instincts de survie pour s’assurer de pouvoir se nourrir, dormir, se sentir en sécurité et être aimés.
Là où la stratégie du Sauveur est de devenir agréable et accommodant ou d’aller vers les autres pour être aimé, celle du Persécuteur est d’agir contre les autres en étant agressif et en tentant de contrôler la situation dans l’illusion de créer de la sécurité. La personne qui se trouve dans le rôle de Persécuteur masque en fait sa peur de devenir ou re-devenir Victime. Par conséquent, elle est guidée par l’idée qu’il vaut mieux dominer qu’être dominé.
Nous avons identifié trois obsessions qui accompagnent le rôle du Persécuteur.
Obsession N°1 : le monde qui m’entoure est dangereux. Je dois rester vigilant.
La première obsession concerne la croyance principale des Persécuteurs pour qui le monde est dangereux : pour éviter d’en subir les conséquences, il vaut mieux rester sur ses gardes, quitte à se protéger en faisant preuve d’agressivité. Comme s’ils avaient fait l’expérience de l’insécurité ou de crises majeures et qu’ils avaient adopté une mentalité de « survie à tout prix ». Même en étant vigilants sur leur comportement, ils épuisent souvent ceux qui les entourent avec leur besoin de devoir mettre sous contrôle les situations qu’ils rencontrent. Les Persécuteurs considèrent que leur stratégie de maîtrise, de contrôle, réduira les menaces et l’incertitude qu’ils ressentent.
Obsession N°2 : je dois contrôler et être au top !
Leur volonté de gagner et de convaincre les autres qu’ils ont raison vient de leur besoin permanent de contrôler ou de rester au top, à tout prix. Leur vision du monde est construite sur un modèle binaire de gagnants et de perdants, du vrai et du faux. Ils déterminent eux-mêmes qui a raison et qui a tort. Les Persécuteurs redoutent l’idée qu’ils pourraient être perçus comme étant faibles. Dans le monde du travail, les managers Persécuteurs utilisent de nombreux stratagèmes pour contrôler les situations qu’ils rencontrent et pour rester dans la course. Ils peuvent faire du micro-management, jouer le rôle du « Caporal-Chef », critiquer en permanence, manipuler ou endosser le costume du clown de service qui utilise l’humour toxique pour rabaisser les autres.
Obsession N°3 : il vaut mieux réfléchir que ressentir.
Les Persécuteurs nient leur vulnérabilité, sinon ils ne seraient pas dans le contrôle. Leurs sentiments et leurs ressentis pourraient les rendre faibles et sans pouvoir. Ils préfèrent ainsi s’en remettre à leurs pensées qui leur donnent l’illusion d’être plus fort. Les Persécuteurs craignent secrètement de perdre la tension qui entretien leur colère. Ainsi, ils préparent et réfléchissent à la meilleure façon de se sortir de situations tendues, quitte à manipuler, plutôt que d’admettre leurs erreurs et imperfections. Parce qu’ils portent peu d’attention aux émotions, ils peuvent être perçus comme des personnes détachées et sans compassion envers les autres.
Ironiquement les Sauveurs peuvent être vus comme des Persécuteurs si leur intention d’aide devient permanente avec un effet de vouloir contrôler la situation. Le « je veux juste t’aider » peut devenir « fais-le comme je pense que cela doit être fait, c’est mieux ! »
Le besoin primaire du Persécuteur est de gérer au mieux ses peurs et l’incertitude. Il le fait par le contrôle et l’action de rabaisser les autres, en espérant que cela minimisera son sentiment que le monde est dangereux.
Lorsque le Persécuteur apprend à mieux appréhender les choses qu’il ne comprend pas et à faire preuve de curiosité, il se détache petit à petit de son besoin de contrôle. Plutôt que d’être bercé par l’illusion qu’il peut tout contrôler, le moment présent devient comme une aventure, une découverte. Cette bascule n’est pas simple à mettre en œuvre pour une personne dont le rôle de persécuteur est ancré.
Apprendre à lâcher prise
Les questions suivantes peuvent aider un Persécuteur à progresser vers plus de sérénité :
- Qu’est-ce que cette situation où ce problème que je rencontre m’apprend ?
- Comment puis-je accompagner les autres à grandir et à se développer plutôt que vouloir les contrôler, les rabaisser et les dominer ?
- Quel est mon intention ? S’agit-il pour moi de blâmer, de rabaisser, ou de vouloir construire quelque chose avec les autres ?
Ces questions vont aider un Persécuteur à être davantage présent dans l’instant en identifiant ce qu’il désire au fond de lui. Elles sont aussi très utiles pour aider à basculer du rôle de Persécuteur à celui de Challenger de TED* – The Empowerment Dynamic.
À force d’être en permanence sur ses gardes pour se défendre, le Persécuteur finit par ne plus ressentir de joie et de satisfaction. Pourtant, comme tout le monde, il a besoin d’être aimé, apprécié et satisfait.